Ivresse
Saoule de mouettes et de chants salins,
Ivre comme le bateau qui tangue sur les embruns.
La mer est partie se coucher dans son écrin,
Saoule de mouettes et de chants salins,
Ivre comme le bateau qui tangue sur les embruns.
La mer est partie se coucher dans son écrin,
Comme l’inéluctable danse
De l’aiguille sur le cadran,
Je sillonne la mer et vénère le vent,
J’effeuille le temps jusqu’au pouls,
Pour n’en garder que l’instant.
C’est comme si le gris du ciel
Se mêlait à mon sang qui sommeillait encore
Il y a dans ce gris la profondeur des âmes esseulées,
Le tremblement des esprits embués,
La lumière muette des mots égarés,
Il y a dans ce gris de l’opium, des nuages de cotons
Il y a dans ce ciel des murmures, des appels d’air
Que je suis la seule à entendre
Sous mon ciel gris
Qu’est –ce que la sensualité?
Ces ondes laissées derrière
Le poisson qui frétille
Derrière nos nombrils,
Comme le vague souvenir
D’un sommeil utérin…
Le soleil qui chuchote à la rosée,
Mille merveilles,
Ignore que la rosée rêve d’apprivoiser
Le moineau qui sur la branche sommeille.
Mais le moineau rêve qu’il effleure, dans son vol,
Un champ brûlant de tournesols.
Et si le secret du soleil était de faire tourner
La tête aux fleurs ?
Ce soir, la fille des vents a le vers solitaire.
Elle ne sait pas empiler les mots selon les règles de l’architecture,
Elle ne sait pas accrocher ses verbes au fil de la littérature,
Elle ne sait pas écrire sans douleurs, ni ratures,
Elle se noie sous le flot hémorragique de ses mots,
Elle laisse cracher sa plume son sang sur le bitume
Elle écrit sa solitude,
Tantôt, la solitude la grise
Parfois, elle frise le vertige…
La fille de ton ode souffre
D’une Maladie Textuellement Transmissible.
Cela donne des poussées de verbes,
Des épanchements de poésie,
Des tremblements incontrôlés de l’être,
Elle n’y peut rien,
Elle tente d’écrire la nuit.
La fille des vents a avalé le poisson rouge
Depuis, sur sa bouche, les mots frétillent,
Douce la main de la nuit
Sur la page de nos rêveries.
Mon Enfant,
Tous les jours, je prie le vent
A genoux sur des mots ardents
Les mains fermées sur le chapelet
De vers-volcans
Les yeux tournés vers le dedans
Le regards pris dans les cerf-volant
Et je prie
Pour l’intranquilité de nos êtres perdue dans l’encens
Je ravalerai mes mots, oiseaux au bec aiguisé
Pour ne pas t’effaroucher
J’inverserai mes pas pour ne pas fouler ton idée de la liberté
J’étoufferais mes soupirs pour laisser la nuit couler
Je viderai le verre de l’oubli pour noyer le souvenir
Je retiendrai le soleil qui s’échappe du ventre de l’olivier
Ravaler
Inverser
Etouffer
Vider
Noyer
Retenir
Contenir
Contenir tout
Sauf
L’encre qui inonde mon chant muet
Non, ce n'était pas le promeneur solitaire
qui m'a donné cette pierre.
Elle était bleu,
comme ce poisson qui navigue dans mes entrailles,
les nuits ou la lune est d'argent,
elle était verte,
comme l'herbe qui ondule et se rebelle
contre la verticalité du vent
elle était grise,
comme la mémoire de ce vieil accordéon,
qui flanche en soupirs
elle était veinée comme la partition du silence.
Était-ce le lisse fragment d'une flamme qui danse?
Non, ce n'était pas le promeneur solitaire
qui a jeté la pierre à la fille de l'air.
C'était l'homme au cerf-volant qui voulait
convertir la fille qui profane les dieux et
vénère
le VENT.